«Il enseignait en homme qui a autorité». (Mc 1, 21-28)
Suivi par ses quatre premiers disciples, Jésus arrive à Capharnaüm, connu comme le village de Simon-Pierre. C’est le sabbat, jour solennel entre tous. Jésus est sans doute invité à prendre la parole, comme c’est l’habitude avec les hôtes de passage que l’on veut honorer. L’évangile de Marc ne fait pas référence au contenu de sa prédication, mais retient qu’il parle avec autorité, à la différence des scribes, qui sont pourtant censés être les spécialistes des Écritures. Ce choix n’est pas anodin.
Jésus fait les choses autrement. Il apporte du neuf. Surtout, il touche les cœurs, comme il le montrera par le reste de sa vie. Il intervient là où cela compte. Ce qui fait la différence et lui donne cette aura autorité, c’est qu’il vit dans la vérité et la cohérence. Tout ce qu’il dit, ses paroles et son enseignement, est aligné avec les gestes qu’il pose, en particulier lorsqu’il est question de soulager les gens de leurs fardeaux.
On finit par l’oublier : Jésus est libre d’esprit, libre dans ses idées, libre dans ses paroles et libre dans ses gestes. Il ne craint pas de déranger même les autorités religieuses, lorsqu’elles briment la liberté ou la dignité des personnes. En fait, il n’a pas besoin de dire grand-chose: par sa manière de vivre, toujours en cohérence avec sa vérité intérieure, il met en relief ce qui cloche autour de lui, comme une lumière qui révèle les ombres. Cette liberté de parole et d’action, Jésus la met d’abord au service des exclus et des prisonniers de toutes sortes.
Marc en rajoute lorsqu’il nous montre Jésus qui, «immédiatement» après avoir enseigné, chasse un esprit impur. Avec Jésus, la parole et le geste vont toujours de pairs. Dans des mots d’aujourd’hui, l’esprit impur représente facilement tout ce qui peut rendre prisonnier une personne: une maladie, une souffrance, une injustice, une dépendance, le mal de vivre, la solitude, un défi dans le couple ou la famille, etc. Ce récit d’évangile est pour moi emblématique. Jésus a été un homme libre parce qu’il a vécu en cohérence avec sa vérité qu’il découvrait dans l’intimité avec son Père.
Cette liberté, Jésus la rend accessible à toute personne qui cherche à vivre une vie où valeurs, attitudes, paroles et gestes sont alignés. Créé à l’image de Dieu, je suis invité à vivre en alliance avec lui, à travers l’appartenance à un peuple qu’il s’est choisi. Nul n’est exclu. J'ai une place de choix dans le cœur de Dieu, autant pour retrouver ma liberté que pour aider les autres à briser leurs chaînes. Voilà ma vérité profonde, celle que Jésus m'enseigne.
Illustration. L'oeuvre que j'ai choisie pour illustrer l'évangile de ce dimanche s'intitule «Freedom», une huile sur toile peinte par l'artiste anglaise Ida Whittaker en 2020. Whittaker décrit son geste créatif en ces termes : «Pour moi, l’art est une expérience spirituelle: quand je peins, je suis connectée au monde et à moi-même, et à la peinture. La peinture me permet de traiter mes émotions, de découvrir de nouvelles choses sur moi-même et de grandir de manière créative». Intéressant, non?
Bon dimanche!
Claude Pigeon