«Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson» (Jn 6, 51-58)
Les amoureux n’hésitent pas à dire qu’ils se nourrissent des paroles et de la présence de leur bien-aimé(e). Nous comprenons bien ce que cela veut dire, au-delà de la matérialité des mots. Ils sont proches et ne se lassent pas l’un de l’autre. Ils font plus que se compléter, ils s’augmentent!
C’est aussi ce que font les disciples du Christ à chacune de leurs assemblées et, de manière privilégiée, lors d’une célébration de la Parole ou de l'Eucharistie. Nous nous tournons vers la Table de la Parole pour recevoir la personne du Christ lui-même, qui non seulement nous parle, mais nous nourrit. Comme le dit la première lecture de ce dimanche, cette Parole c'est la Sagesse même de Dieu, le Christ. Il éclaire notre route et aide à mieux vivre, à faire des choix, à prendre des décisions en harmonie avec nos valeurs et notre identité d’enfant de Dieu.
Plus encore, lorsque nous participons à la messe, le Christ continue de se donner autour de la Table du Pain et du Vin, avec son Corps et son Sang. À son invitation, «vous ferez ceci en mémoire de moi», est liée une promesse. Il nous remplit de sa présence, de son Esprit, qui donne force et courage pour traverser notre aventure humaine, dans ce qu’elle a de plus concret pour nous: nos joies, nos peines, nos échecs, nos succès, nos difficultés, nos fragilités, nos épreuves.
Parole et Pain sont une même nourriture: la vie même du Christ. Il ne faut pas les séparer. Ce sont deux manières de communier à la personne du Christ, qui aident à mieux vivre notre aujourd’hui et nous préparent pour l’autre banquet, éternel celui-là.
Illustration. Détail d’un vitrail de la chapelle Loyola (Université Concordia, Montréal).
L’œuvre que je vous propose aujourd’hui est un vitrail qui provient de la chapelle Loyola de l’Université Concordia, qui date de 1933. Depuis la création de l’Université Concordia en 1974, avec la fusion du Collège Loyola fondé par les Jésuites en 1896 et de l’Université Sir George Williams, la chapelle est devenue un espace de culte œcuménique et le lieu de nombreux services et événements religieux.
On observe ici une mère pélican déchirant sa poitrine pour nourrir ses petits. Selon une légende ancienne, en période de famine, une mère pélican prélevait du sang de sa propre poitrine pour le donner à ses poussins afin qu'ils survivent. Cette légende a connu plusieurs variantes et a inspiré l’iconographie chrétienne au IIe siècle, lorsque le pélican apparaît dans le «Physiologus», une adaptation chrétienne de légendes et de symboles populaires sur les animaux. La figure du pélican, présent dans de nombreuses sculptures décoratives et vitraux d'églises au Québec, illustre le sacrifice du Christ sur la croix, parce qu’il a lui aussi donné son sang pour ses amis(es). Il évoque également l’eucharistie, car il représente le sang du Christ qui fournit la nourriture spirituelle.
Dans l'évangile de ce dimanche, le Christ lui-même nous rappelle que sa chair est la vraie nourriture, et son sang est la vraie boisson. C'est sa personne qu'il offre par amour, pour nourrir ses frères et sœurs, avec qui il partage un même Père. La légende de la mère pélican évoque l’amour et le don total de soi pour ses proches, à l'image du Christ envers nous. Par sa Parole, par sa chair et son sang, il nous donne force et courage pour la route et nous abreuve déjà en vie éternelle.
Bon dimanche!
Claude Pigeon