« À Béthanie… Marie répandit le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux » (Jn12, 1-11)
Six jours avant la Pâque, Jésus se rendit à Béthanie, où se trouvait Lazare, que Jésus avait ressuscité des morts. C'est là qu'on lui donna un repas. Marthe servait, et Lazare était l'un de ceux qui étaient à table avec elle. Marie prit une livre d'un onguent de grand prix, fait de nard pur, oignit les pieds de Jésus et lui essuya les pieds avec ses cheveux. La maison fut remplie de l'odeur du parfum. Judas Iscariote, l'un des disciples de Jésus, qui allait le livrer, dit: «Pourquoi ce parfum n'a-t-il pas été vendu pour trois cents deniers et donné aux pauvres?» Il disait cela non pas parce qu'il se souciait des pauvres, mais parce qu'il était voleur, et qu'ayant la charge de la bourse, il se servait de ce qu'on y mettait. Jésus dit: «Laisse-la, afin qu'elle le garde pour le jour de ma sépulture. Car les pauvres, vous les avez toujours avec vous, mais moi, vous ne m'avez pas toujours avec vous».
Quand la grande foule des Juifs apprit que Jésus était là, elle vint non seulement à cause de lui, mais aussi pour voir Lazare, qu'il avait ressuscité d'entre les morts. Les chefs des prêtres firent donc des projets pour faire mourir Lazare aussi, parce qu'à cause de lui, beaucoup de Juifs s'en allaient et croyaient en Jésus.
Illustration: «L’onction à Béthanie», huile sur toile de Peter Paul Rubens (1577-1640) et Anthony Van Dyck (1599-1641), peint en 1618, Musée d'État de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg.
En ce lundi saint, l’évangile nous présente Marie, la sœur de Lazare, qui oint avec amour les pieds de Jésus. Dans quelques jours, Jésus lavera les pieds de ses disciples. Marie, au service de Jésus, préfigure la manière dont Jésus servira ses disciples lors de la dernière Cène.
Marie a reçu de Jésus quelque chose d'extrêmement précieux: le don de la vie pour son frère bien-aimé Lazare, que Jésus a fait se relever après s’être endormi dans la mort. À son tour, elle veut offrir au Seigneur quelque chose d'extrêmement précieux: un hommage public d’une extrême humilité. Non seulement elle lui lave les pieds, geste réservé aux serviteurs, mais elle verse pour lui un parfum de grande valeur et lui essuie les pieds avec ses longs cheveux. Judas qui n’a d’yeux que pour le pécunier, déclare qu’elle vient de dépenser trois cents deniers, ce qui représente une énorme somme d'argent à l'époque. Ici, aucune dépense n'est épargnée.
Jésus accepte et apprécie le cadeau de Marie, non pas tant pour sa valeur financière que pour son caractère opportun. Il sait qu’il est sur le point d'entrer dans sa passion et sa mort, et Marie l’oint pour le fortifier dans l'épreuve qui l'attend. Jésus accueille la reconnaissance de Marie comme une offrande qui goûte bon et fait du bien.
L’illustration de ce jour est une œuvre peinte en collaboration entre le maître (Rubens) et l'élève (Van Dyck). Rubens conçoit le tableau comme un conflit dramatique entre les pharisiens et le Christ. Le monde des pharisiens, fait de valeurs matérielles et d'opinions religieuses sans compassion, s'oppose au monde chrétien, fait de vertu, d'actes nobles, de sympathie, de charité et de bonté.
Les disciples, qui écoutent les paroles de leur maître, sont représentés avec des expressions tout à fait différentes de celles des pharisiens, sur les visages desquels on peut lire l'incompréhension, l'agacement et même la colère. Mais c'est Marie qui occupe le devant de la scène dans ce tableau. Notre regard est attiré vers elle. Marie est aux pieds de Jésus avec la fiole de parfum. À la droite du Christ, nous voyons son frère, Lazare que Jésus a ramené d’entre les morts. Judas (avec quelques pharisiens derrière lui) est assis à gauche de la composition. Il est déjà représenté ici avec une expression de traître, interrogeant Jésus sur le prix de l'onguent...
En ce lundi de montée vers la grande fête de Pâques, habillons nos cœurs de reconnaissance pour l'amour et la vie que le Seigneur nous a déjà offerts dans le passé: vie du baptême, présence dans les passages difficiles, lumière dans les temps d'obscurité, soutien dans nos déserts spirituels, etc. Nos mercis deviendront le parfum de grand prix que déposons aux pieds du Christ qui monte vers Jérusalem où il va donner sa vie pour chasser l'obscurité de notre humanité et nous sauver de nous-mêmes!
Bon Semaine Sainte, au cœur du jubilé de l’espérance!
Claude Pigeon, prêtre