26 Jan
26Jan

«Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération» (Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21).

Nous commençons aujourd’hui la lecture continue de l’évangile de Luc. Jésus entreprend une brillante tournée en Galilée. Sa tribune préférée sera celle des synagogues, lieu central de la vie juive à l’époque. Ce matin, on le retrouve chez lui, à Nazareth, où il va inaugurer sa mission avec la puissance de l’Esprit. L’Esprit du Seigneur s’était déjà manifesté lors de son baptême, puis l’avait conduit au désert pour y être tenté. De là, il revient transformé et prêt à se mettre à la tâche.

Ce texte convient parfaitement à ce début d’année jubilaire 2025 placée sous le thème «Pèlerins d’espérances». Le jubilé remonte à l’Ancien Testament, lorsque Moïse annonce que parmi les lois que Dieu instaure, il y aura, après chaque «sept semaines d’années», soit 49 ans, une année sainte pour rappeler et célébrer la libération de tout le peuple. Cette année permettra de remettre à neuf sur les plans social, économique et spirituel, toute la société: libération des esclaves, remise des dettes et retour des terres vendues à leur propriétaire d’origine afin que tout un chacun puisse  retrouver leurs biens ancestraux. Tout cela parce qu’un jour Dieu a libéré son peuple de l’esclavage et que cette promesse doit durer dans le temps pour toutes les générations à venir. Chaque membre du peuple peut espérer la possibilité d’un pardon et d’un nouveau commencement.

Jésus annonce aujourd’hui que toute sa mission sera semblable à cette année jubilaire de pardon et réconciliation décrétée par le Père. Ce matin-là, à la synagogue, Jésus choisit de proclamer devant toute l’assemblée le merveilleux texte d’Isaïe: «L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur». Refermant le livre, Jésus annonce que ce passage est en train de s’accomplir devant eux. Jésus est oint, à l’image des Rois d’Israël, des grands prêtres et des prophètes. Durant sa vie terrestre, il va agir en tant que prophète envoyé aux pauvres, à ceux et celles qui sont opprimés par la société ou par leur conduite. Son témoignage de vie le conduira à la mort où il officiera comme grand prêtre, une fois pour toutes. Enfin, sa résurrection puis son ascension auprès du Père vont le consacrer comme messie royal.

Illustration. « L’angélus» par Jean-François Millet (entre 1857-59), musée d’Orsay à Paris.

«L'Angélus» est un tableau emblématique de Jean-François Millet (1814-1875). Au coucher du soleil, un couple de paysans de la plaine de Bière interrompt sa récolte de pommes de terre, pour prier l'angélus, une prière dédiée à la Vierge Marie. Les personnages sont montrés avec leurs outils de travail: la fourche plantée dans la terre et les sacs de pommes de terre à leurs pieds, le panier pour les ramasser et les sacs et la brouette pour les transporter. Tout cela est mis de côté et reste sur place pendant la prière. À l'arrière-plan, on aperçoit le clocher de l'église Saint-Paul de Chailly-en-Bière, baigné dans la douce lumière jaune et rose du crépuscule.

Millet s'attache ici à représenter avec réalisme et délicatesse un aspect de la vie quotidienne des campagnes de son temps. Il se souvient de son enfance, où en travaillant dans les champs, sa grand-mère ne manquait pas, en entendant sonner la cloche, d’arrêter la besogne pour réciter l'angélus et prier «pour ses pauvres morts». Parallèlement au goût des foules paysannes pour les pratiques magiques et les grandes cérémonies ostentatoires de son époque, Millet célèbre ici la piété profonde des paysans. L’œuvre évoque la beauté et la sérénité de la vie rurale. De fait, ce tableau est devenu un symbole de la peinture populaire et a été largement reproduit et interprété par d'autres artistes, notamment Salvador Dalí.

L’œuvre de Millet évoque la foi, la résilience et l'espoir en des jours meilleurs malgré les difficultés de la vie quotidienne. N’est-ce pas ce qu’évoque également la déclaration de Jésus dans l’évangile de ce matin? Son intention est d’apporter libération, guérison, pardon, réconciliation et espérance dans un monde blessé et brisé. Et tout cela débute par et avec les humbles et les petits.

Bon jubilé de l’espérance, vécu ensemble de dimanche en dimanche!

Claude Pigeon

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