21 Jan
21Jan

«Convertissez-vous et croyez en l’Évangile». (Mc 1, 14-20)

Après l’arrestation de Jean-Baptiste, Jésus commence son ministère public. Le temps est déjà compté pour lui. Alors, il va droit au but: «Les temps sont accomplis: le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile!» Ces appels sont comme les deux mouvements de la respiration : convertissez-vous et croyez. Se convertir, c’est prendre la décision de changer sa vie et de prendre une nouvelle direction, après avoir fait l’expérience de l’amour infini de Dieu pour moi. Mon engagement personnel s’appuie alors sur la promesse qu’une vie nouvelle, meilleure et sans fin m’est offerte gratuitement par Dieu en Jésus-Christ. C’est la bonne nouvelle du salut qui traverse ma vie et me transforme.

Ma vie change de direction lorsque je découvre que Dieu m’aime au-delà de toutes mes limites, mes faiblesses ou mes infidélités. Cette transformation ressemble à celle d’un jeune ou d’une jeune qui tombe en amour pour la première fois et voit sa vie transformée jusque dans les moindres détails. Chrétiens et chrétiennes de longue date, comme certains vieux couples, il nous arrive peut-être d’oublier notre amour de jeunesse envers Jésus, pour peu que nous en ayons déjà fait l’expérience. Comment y revenir? Comment ranimer la flamme? Comment faire revivre la passion des premiers jours? En demandant la grâce de faire l’expérience de l’amour sans jugement de Jésus pour moi et de goûter à nouveau son regard de tendresse posé sur moi, regard qui transforme et guérit. L’accueil inconditionnel, la joie de la proximité et la passion dévorante nourrissent les sentiments des nouveaux amoureux. Il en va de même avec la joie de croire en l’Évangile qui est une bonne nouvelle d’espérance et de libération pour tout être humain, à commencer par moi, quelle que soit mon histoire et ma situation de vie aujourd'hui. «Je crois, Seigneur, augmente en moi la foi!»

Illustration : Pablo Picasso, Les Amoureux (1923). Huile sur toile. Washington National Gallery (É.-U.)

Cette oeuvre, intitulée «Les Amoureux», appartient à la période dite «classique» de Picasso. Celui-ci a peint, notamment dans sa période cubiste et surréaliste, de nombreuses toiles où les personnages sont transformés au-delà de la reconnaissance et de la laideur. Ici, ce sont plutôt de jolis traits de visage qui nous sont présentés. Ils sont accessibles et reconnaissables. Même que l’amour et la tendresse sont palpables et semblent faire l’envie du spectateur.

L’artiste met donc en scène deux jeunes amoureux. Mais on ne sait rien d’eux. Peut-être qu'ils viennent de se rencontrer et que l'amour est en train de naître, chacun tentant d'apprivoiser l’autre, ou encore ils se connaissent depuis un certain temps et sont en train de bâtir des projets. Nul ne sait. Ce que l’on observe c’est que ces deux jeunes se regardent avec tendresse et désir. Ils semblent liés par la joie d’être ensemble. La jeune femme baisse modestement le regard, comme si elle était intimidée par ce qui se passe. C’est un amour naissant, ouvert à tous les possibles.

Comme dans cet amour naissant, où chacun pourrait se projeter et se reconnaître, j’entends l’appel de Jésus : «Convertissez-vous et croyez en la bonne nouvelle». Pas de conversion sans amour. Pas d’amour de Jésus ou du Père sans l’annonce et l'accueil d’une bonne nouvelle qui me touche et me transforme. La conversion et la foi sans amour, sans alliance, sans amitié profonde, c’est du vent, une timbale retentissante, une spiritualité ou une religion vide de sens. Comment croire sans avoir d'abord fait l'expérience de l'amour de Dieu pour moi? N'est-ce pas le défi des croyants et des croyantes aujourd'hui: retrouver l'expérience du premier regard de Jésus sur moi? C'est cette heureuse et discrète expérience qui témoigne de la vérité et de l'efficacité de la bonne nouvelle du Christ autour de nous.

Bon dimanche!

Claude Pigeon

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