28 Apr
28Apr

«Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit». (Jn 15, 1-8)

Chaque dimanche du temps pascal invite les croyants et les croyantes à méditer sur un aspect de notre relation à Jésus ressuscité. Le texte de ce matin tombe à point nommé avec notre printemps québécois. Ces jours-ci, je retrouve et observe mon jardin. Une branche qui n'est plus attachée à l’arbre ou à l’arbuste se dessèche et meurt. Je l’envoie au compost. La branche a besoin de recevoir la sève venant des racines de l'arbre pour porter des feuilles et des fruits. Avec l'arrivée de la chaleur, la sève monte dans les branches et les feuilles et les fruits pourront arriver. Nous avons en nous la source de l'Esprit qui nous anime et augmente la chaleur de l'amour qui générera des fruits de salut.

Il est intéressant de noter que nous ne produisons pas les fruits, nous les portons. C'est l'Esprit du Ressuscité qui nous fait porter des fruits. Souvent, nous constatons que nos efforts ne donnent pas les résultats que nous attendons. Parfois, je me demande si ce sont mes fruits que j’espère au lieu de ceux de l’Esprit. Si je demeure greffé au canal de l’Esprit, je deviens son instrument.

Le Seigneur nous invite à demeurer en lui et lui demeure en nous. Demeurer ne signifie pas seulement rester dans la même maison. Les époux n'habitent pas la même maison, ils y demeurent ensemble. Demeurer demande de partager la vie, l'intimité, la communion avec d'autres personnes. Le Christ demeure en nous, Il partage son Esprit, son amour, sa bonté et nous met en état de communion avec lui et les uns avec les autres. Pour me reconnaitre comme animé du souffle de Dieu et greffé sur sa vie, j'ai besoin de développer une certaine intimité avec le Ressuscité. C'est aussi cela, le message de Pâques!

Illustration: «Christ, la vraie vigne». Artiste anonyme. Icône grecque orthodoxe (16e siècle). Détrempe d’œufs, huile et feuilles d’or sur panneau de bois.

Voici une très belle icône grecque orthodoxe, qui met en lumière l'évangile de ce dimanche. À partir du 16e siècle, en Occident, la peinture chrétienne s’est largement séparée des représentations habituelles du premier millénaire. Elle évolue lentement en accordant aux artistes beaucoup plus de flexibilité et d’individualité dans leurs oeuvres, avec une approche plus réaliste des figures. De son côté, les œuvres orthodoxes sont restées attachées aux règles édictées par la tradition byzantine qui encadrent les représentations religieuses, perçues comme donnant accès au mystère qu’elles dépeignent. Puisqu’elles sont des portes d’entrée dans l’au-delà, il n’y a pas de place pour l’improvisation. Le résultat, moins réaliste, plus statique, plus unidimensionnel, rend toutefois les icônes plus poignantes. De plus, les créer (on dit les « écrire » et non les « peindre ») constitue un acte religieux en tant que tel pour l’artiste.

Les sujets des icônes sont généralement représentés de face, avec soit une figure complète, soit la tête et les épaules uniquement. Les visages regardent directement le spectateur ou la spectatrice, car ils ont été conçus pour faciliter la communication avec le divin. Plus rarement, les icônes sont composées d’une scène narrative, comme c'est le cas ici, dans cette référence au grand récit entre les personnages principaux et les sarments de vigne. Elles ne sont pas produites pour l’art ou en tant que simple expression individuelle de l’artiste, comme dans la peinture occidentale. Les icônes ont été conçues à des fins dévotionnelles et pour aider les gens à mieux comprendre les figures qu’ils prient, et à combler le fossé entre le divin et l’humanité.

Ici, le Christ est représenté comme étant la racine et la tige d’où découlent toutes les branches. Il a un Évangile ouvert sur ses genoux, un don qu’il nous a laissé pour nourrir nos branches et nos vies. À partir du tronc se trouvent 12 branches avec les 12 apôtres représentés, Pierre et Paul étant les plus proches du Christ. C’est une belle façon d’illustrer comment le Christ a traité les disciples eux-mêmes comme les organes de ses fruits terrestres. En tant que croyants, nous sommes tous des sarments de cette Vigne. La racine est invisible, mais Christ a été vu. La racine porte l’arbre, lui diffuse la sève et la vie et, par le Christ, soutient toutes les branches.

Sur une vigne, nous cherchons des raisins, et de nous, en tant que chrétiens, nous attendons un témoignage chrétien, de la bonté et de l’amour dans la vie. Nous devons porter du fruit. «Je suis la vigne, vous êtes les sarments».

Bon temps pascal!

Claude Pigeon

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